top of page

LE SECOURS VIENT D'EN HAUT

 

 

 

LE SECOURS VIENT D’EN HAUT

Monsieur Henri est un personnage extraordinaire, original qui  a eu un parcours de vie surprenant… séminariste… prêtre… marié… divorcé… érudit… marginal… c’est quelqu’un dont la rencontre ne laisse pas indifférent.

Monsieur Henri vit dans une grande ville de Provence et a un métier intéressant : guide-conférencier. Passionné et passionnant, monsieur Henri est très demandé. Or monsieur Henri, qui a des copines de temps en temps, ne vit pas seul dans sa maison sur un talus entouré d’un grand jardin surplombant le chemin campagnard qui dessert ce quartier ancien. Il vit avec Loun. Loun, quarante bons kilos de muscles,  noir comme l’enfer, est l’être le plus aimable qu’il soit : un Groenendael au poil long que monsieur Henri a récupéré à la SPA alors qu’il était un grand chiot de six mois.

Loun et lui se sont aimés tout de suite. Loun est obéissant, aime les promenades en forêt, les longues siestes et la gamelle servie par monsieur Henri.

Il n’est pas dressé et ne répond qu’aux ordres de base : couché, assis, viens, va. Loun est chien de compagnie et à peine chien de garde.

Loun a cependant une copine dans le quartier. Elle n’a pas quatre pattes et se promène debout de son pas élastique. Elle est dynamique mais si mince et frêle qu’on s’attend à la voir tomber à chaque instant. Plus âgée que monsieur Henri, c’est sa voisine et elle s’appelle Mathilde. Elle a une grande place dans la vie de Loun. Monsieur Henri, par son métier de guide, est assez régulièrement amené à s’absenter plusieurs jours,  alors il confie Loun à  Mathilde.

Bien sûr, Loun ne promène pas en forêt quand son maître n’est pas là, mais Mathilde le sort dans le grand jardin, lui lance la balle et passe ses soirées avec lui dans la maison de monsieur Henri.

 C’est un soir d’hiver. Bien qu’il ne soit que cinq heures, il fait nuit. Chez monsieur Henri, chacun se livre à ses activités. L’homme lit en écoutant  la musique. Le chien dort comme un bienheureux.

Soudain, il se lève, comme monté sur un ressort, en aboyant furieusement, se précipite vers la porte, la gratte frénétiquement et l’aurait arrachée si monsieur Henri, bondissant de son fauteuil, ne l’avait ouverte. Il allume juste à temps pour voir son chien traverser le jardin comme une flèche noire, sauter la clôture d’un seul bond pour tomber dans la rue en contrebas. Son maître se précipite.  Loun attaque deux individus devant une Mathilde tremblante qui, à une heure décente mais nocturne vu la saison, rentrait tranquillement chez elle. Il les a déjà mordus . Un d’eux saigne à la main et Loun tient fermement l’autre qui hurle par le pantalon. Puis le lâche sans se reculer et menace de le reprendre s’il bouge. Il aboie d’un ton peu engageant, grogne comme un fauve les dents découvertes. Monsieur Henri est ébahi.

- Rappelez votre chien, hurle un des hommes.

Monsieur Henri a préféré appeler la police. Quand elle est arrivée, peu de temps après, l’individu a éructé :

-Votre chien m’a fait mal. Je porterai plainte contre vous !

Les flics ont doucement rigolé :

- Il en faudrait beaucoup des chiens comme ça ! T’es ridicule Freddo… et t’as pas honte ? Il est vrai que t’as l’habitude de t’attaquer à des personnes âgées sans défense… pour une fois !

Quand Loun a vu que les flics tenaient les bandits bien en main, il a arrêté ses grognements et, tout en frétillant de la queue, est allé faire ses civilités à madame Mathilde qui se tenait tremblante le long du mur… un très gentil chien que je vous dis ! Puis, après un aimable bonjour aux policiers qui l’ont caressé en le complimentant, il est remonté chez lui par l’escalier, en compagnie de son maître descendu pour le chercher et se porter témoin, ainsi que madame Mathilde, encore tremblante.

Ils sont allés se remettre de leurs émotions chez monsieur Henri, le susnommé avec un double whisky, madame Mathilde une camomille bien chaude et Loun, en reprenant sa sieste brutalement interrompue de bon chien de compagnie bien, bien tranquille .

bottom of page