NINA DESBAYLES

Astarté, mollement allongée sur le canapé, arborait un air inquiet :

- Ce matin, j’ai cru que ça y était ! Maîtresse a sorti la caisse en osier ! J’ai couru me cacher pour y échapper et maintenant que la maison est tranquille,  je suis ressortie. Maîtresse est partie ! Ouf ! J’ai réussi à lui échapper. J’ai horreur de la promenade que l’on fait dans cette boîte de malheur… une promenade… tu parles… pour aller dans cet endroit sinistre chez « monsieur Docteur » comme elle l’appelle ! Mais par contre quelque chose m’inquiète… je ne trouve plus Isis…c’est pas qu’elle soit toujours aimable, mais j’y tiens tout de même !

Elle doit s’être cachée quelque part…

- Hou Hou Isis… répond-moi !

Je m’inquiète !

- Hou, Hou, tu es fâchée ?

- Des pas dans l’escalier… Maîtresse revient ! Vite, cachons-nous au cas où elle aurait toujours la même idée en tête !

La porte s’ouvre… le panier revient… elle le pose par terre… l’ouvre… Par exemple ! Isis en sort ! C’est pour cela que je ne la trouvais pas ! La pauvre, elle a dû aller chez monsieur Docteur… c’est pourquoi je ne l’ai pas vue de la journée ! Alors, ma chère, ça va ?

- Grmlf.

- Pardon ?

- Grff ?

- Tu pourrais être plus aimable… c’est moi, ta petite Astarté !

- Grff… C’est toi et quelqu’un d’autre… tu es unique heureusement… mais il y a deux chats !

- Mais non Isis, je t’assure, je suis toute seule !

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- Hou hou !

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- Tu as l’air complètement ailleurs et tes yeux… qu’arrive-t-il à tes yeux Isis ? Ils sont tout grands en pleine lumière… Ferme-les !

- Ils sont fermés, c’est automatique !

- Mais non, ils sont ouverts ! Quelle voix … on dirait que tu dors debout !

- Oh, un éléphant rose qui vole !

- Voyons, Isis… il n’y a que moi et quelques volatiles appelés canaris bien enfermés dans leurs cages… hélas ! Un éléphant !! Je te le demande, tu ne sais même pas ce que c’est et moi non plus ailleurs ! Qu’as-tu pris… avoue !! Tu as essayé les herbes que fument les jeunes… tu te rappelles, chez ces gens bizarres où tu vivais avant maîtresse ?

- Non… tu es folle… je suis sérieuse et responsable moi, pas comme mes anciens maîtres… mais monsieur docteur m’a fait une piqûre… je me suis réveillée comme cela… avec les dents d’une blancheur… regarde… mais je voyais de drôles de choses !

- J’ai compris ! On t’a droguée pour te soigner les dents… moi-même l’année dernière… mais ça ne m’a pas fait cet effet ! … Hou, la camée !

- Grrrr.

- Je plaisante, Isis, ne le prend pas mal !

- Ce n’est pas drôle !

- J’en conviens… le mieux est que tu ailles dormir. Tu verras, ça va passer !

- Je n’ai pas sommeil !

- Mais si, mais si, je vois que si ! Tu veux que je te chante une berceuse ? Là, allonge-toi à côté de moi ! Je commence : « Stone… le monde est stone. » Ça me paraît adapté à la situation. Tiens… elle dort déjà ! Camée ou pas, je vais faire pareil puisque je ne peux pas l’embêter, ça fait passer le temps…