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SOUVENIRS DE VERSIONS LATINES

 

 

Je suis latiniste et, même si je n’ai plus guère de souvenirs, j’en suis fière ! J’’adore l’Histoire, j’ai adoré le latin et la civilisation latine ! Mon seul regret est de ne pas avoir fait de grec !

C’était l’heureux temps où le latin commençait en 6ème et se terminait au Baccalauréat.

Qui ne se rappelle pas de Pline le Jeune racontant comment Pline le Vieux, son oncle si je me souviens bien, est mort asphyxié pour avoir voulu voir de trop près l’éruption  du Vésuve.

De Cicéron, ses plaidoiries et sa mort.

De Platon…

De César qui raconte la guerre des Gaules à la troisième personne comme dans Astérix le Gaulois à moins que ce ne soit l’inverse !

De je ne sais trop quel homme célèbre qui mourut parce qu’un aigle prit son crâne chauve pour une borne en pierre et y laissa tomber de très haut une tortue dont il voulait briser la carapace pour la manger.

De Néron, l’épouvantable et du meurtre de son frère Britannicus.

De la mort du trop coquet Patrocle, qui mit une armure brillante de parade pour une patrouille de nuit, ce qui le fit repérer par l’ennemi comme en plein jour. A ce propos, je signale pour ceux qui auraient vu ce film américain plein de… «  La guerre de Troie Â» que c’était le copain de cÅ“ur d’Achille et non son « cousin Â» comme il était de coutume à l’époque d’être bique et bouc… et qu’Enée n’avait pas seize ans… mais bien trente …un père, une femme et un fils â€¦ Passons…

Deux histoires m’ont particulièrement frappé et si vous permettez je vais vous les conter à ma manière.

 

CORIOLAN

 

Coriolan était, selon mon souvenir, un quelconque écrivassier, tel Pline ou ses semblables,  on dirait aujourd’hui un genre de journaliste.

Le voilà chargé de couvrir un quelconque évènement ou en recherche d’inspiration, je ne sais. Toujours est-il qu’il doit se rendre de Rome à Naples.

Imaginez le chemin par la route. Les légendaires voies romaines ne sont pavées que dans les villes, ailleurs elles sont poussiéreuses à souhait, infestées de voleurs. Pour supporter ces trajets, il faut être bon cavalier… et encore.

Coriolan choisit donc la voie maritime. Rappelez-vous qu’à cette époque les bateaux sont sommaires. Il n’y a aucun instrument de navigation. Tout le monde est persuadé que la terre est une sorte de galette, bordée par le néant où coulent et se perdent les océans… donc, on est prudent. Pour se rendre d’un point à un autre, les bateaux naviguent toujours en vue de la côte. Cela s’appelle le cabotage et pour pêcher on ne s’éloigne guère.

Coriolan se rend à Ostie (port de Rome). Avisant un bateau de pêche sur le départ, il obtient d’être amené à Naples, moyennant bien sûr le prix de son passage.

Le bateau s’en va… le temps est lourd, orageux, menaçant…

Les pêcheurs lancent leurs filets… et voilà… oh, surprise!... qu’ils remontent ce que l’on croit à tort être à cette époque de gros poissons : deux dauphins ! Ceux-ci, jetés sur le pont, poussent des cris de détresse ! Les gaffes des pêcheurs se lèvent pour les assommer. Coriolan intervient et plaide pour ces touchants animaux qui accompagnent souvent les bateaux. Il demande qu’ils soient remis à l’eau. Les pêcheurs protestent. Leurs familles ont faim ! La pêche a été mauvaise ils ne peuvent laisser échapper tout cette viande !

Coriolan tend alors sa bourse… comme à regret, les pêcheurs remettent les dauphins à la mer…

 

Le temps se couvre de plus en plus… l’orage éclate et la tempête se lève. Il faut dire que, pour rares qu’elles soient en Méditerranée, les tempêtes en sont d’autant plus violentes que la mer est resserrée entre les terres (agitez un seau plein d’eau et un verre vous comprendrez).

Le bateau de pêche saute comme un fêtu de paille sur les vagues et soudain c’est le drame… drossé sur un rocher, il éclate et coule… tout le monde est projeté à la mer…

La tempête s’apaise… le beau temps revient… les villageois de bord de mer… viennent voir les lieux du drame… la mer est d’huile… tout a disparu… bateau et équipage… tout ? Non… allongé sur la plage, hébété, Coriolan se remet peu à peu. Les larmes aux yeux… il raconte… il allait se noyer… mais les dauphins ont surgi… l’ont soulevé et  ramené à la côte… lui et LUI SEUL !

 

ANDROCLES

 

Une autre histoire est plus connue… Un homme est dans le cirque à Rome. Avec d’autres misérables comme lui, il va faire partie d’un spectacle que l’on affectionne dans ce temps (depuis, nous sommes civilisés et, comme nous le savons, les combats hommes et animaux n’ont plus lieu dans les arènes).

Ces chasses font combattre des animaux entre eux ou des hommes avec des animaux. Le combat est souvent inégal, l’un étant affamé, l’autre point armé. Il s’agit en fait d’une manière ludique d’exécuter les condamnés à mort pour distraire le bon peuple,  qui, à cette époque, est suffisamment primitif pour aimer les spectacles sanglants (ce n’est heureusement plus le cas aujourd’hui). Donc cet homme attend la mort qu’il espère la plus rapide possible. Son crime ? Il s’est enfui de chez son maître, un proconsul cruel, alors que celui-ci était en poste en Afrique (du Nord) et, après quelques temps dans le désert, il s’est fait reprendre. Son maître a donc, sans hésitation, condamné à mort Androclès , tel est son nom et il est dans les derniers instants de sa vie…

- Ça y est, les fauves sont lâchés…

Androclès ferme les yeux, il sent le souffle chaud des fauves qui se rapprochent…

Mais alors… surprise… à grands coups de pattes, de feulements et de grognements, le plus gros des lions fait rempart de son corps à Androclès et le défend des attaques des autres fauves ! On s’étonne… on s’exclame ! L’empereur, qui sent la foule touchée par cet attendrissant spectacle, donne ordre de sortir tout le monde de l’arène.

A défaut de comprendre le langage lion et donc de pouvoir interroger l’animal, l’empereur fait venir Androclès, tout tremblant. Celui-ci raconte. Durant sa fuite, il avait,  pour se protéger des ardeurs du soleil, cherché refuge dans une grotte. C’est alors que des hurlements s’étaient fait entendre et était arrivé, rugissant de douleur, un magnifique lion, la patte ensanglantée. Androclès avait cru sa dernière heure venue… mais non… l’animal lui avait tendu sa patte… il avait pu en arracher l’éclat de bois qui le blessait et avait réussi à soigner l’animal.

Ils avaient vécu ensemble plusieurs jours, l’animal lui apportant une partie de ses chasses… jusqu’à ce qu’Androclès sorte et tombe pour son malheur sur ceux qui le poursuivaient.

L’empereur, ému par cette histoire qui de plus allait lui permettre de montrer sa  magnanimité,  gracia et affranchit l’esclave, avant de lui offrir le lion.

Ainsi vit-on, plusieurs années durant, Androclès, qui avait repris son ancien métier de médecin, promener avec son lion en laisse et le peuple s’exclamait :

- Voici l’homme qui a sauvé le lion et le lion qui a sauvé l’homme.

 

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