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SAINT CHAT

 

 

« Quand j’ai rencontré Sébastien Â» raconte Emilie, kinésithérapeute, nous avons décidé d’habiter ensemble. Je me suis donc installée chez lui, mais il ne vivait pas seul… il avait un chat… Tiburce.

J’adore les animaux. Cela ne m’a pas dérangé plus que cela… moi… mais Tiburce, lui, a trouvé que je n’avais rien à faire là !

Alors, il a tenu à me le montrer ! Je ne pouvais pas l’approcher… il fuyait et si j’insistais il feulait… alors qu’il passait des heures lové amoureusement et ronronnant dans les bras de Sébastien.

Si j’approchais de Sébastien, il grognait et lançait la patte !

Il se faisait les griffes sur mes vêtements… pipi à ma place dans le lit… buvait le lait de mon déjeuner et se montrait désagréable avec moi de toutes les façons possibles et inimaginables !

Sébastien contrarié a proposé de le donner… mais à qui ? Je ne voulais pas déplaire à mon amoureux… et puis que serait devenue la pauvre bête ! Il me semblait lire dans son regard : « Toi, tu ne me veux pas du bien. » Alors, j’ai patienté… je lui ai acheté des friandises, qu’il ne mangeait pas… si Sébastien les lui donnait, il se jetait dessus en se pourléchant les babines.

Finalement, une paix armée s’est instaurée entre nous. A condition que je l’ignore, Tiburce avait décidé de m’ignorer aussi.

C’est alors qu’Océane est venue au monde. Tiburce a regardé la nouvelle venue gigotant dans son couffin d’un air intrigué et a décidé de l’ignorer aussi.

Quelques semaines se sont écoulées. Un beau matin, Sébastien était parti au travail… moi je profitais encore du lit car j’étais en congés de maternité, en attendant qu’Océane me donne par ses pleurs le signal du réveil.

 D’un seul coup Tiburce est rentré dans la chambre… comme un fou… s’est jeté sur le lit et m’a mordu violemment les doigts de pied… je me suis levée dans l’instant… il est reparti aussi vite qu’il était venu… moi à sa suite… est rentré dans la chambre d’Océane… moi à sa suite… ma petite étouffait… elle était déjà bleue… j’ai fait instinctivement les réflexes de survie, dans un état second, mon métier m’y ayant préparé… Océane s’est remise à respirer… à crier et pleurer… j’ai appelé le SAMU… les jambes m’ont manqué et je suis tombée assise dans le fauteuil, en larmes, en proie à une crise de nerfs… Océane qui pleurait toujours dans les bras. Quand j’ai levé les yeux au travers de mes larmes, Tiburce, assis sur le manteau de la cheminée, me regardait. Il avait presque un sourire aux lèvres : « J’ai eu chaud moi aussi semblait-il dire ! Avouez, ma chère, que j’ai mon utilité. »

Depuis nous sommes tous les 4 une famille, Tiburce me manifeste son amitié autant qu’à Sébastien… et Océane peut lui tirer la queue, sans qu’il se rebiffe, même si il prend des airs de martyr.

Pour Sébastien et moi, désormais c’est Saint Chat.

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