-HISTOIRES DES CEVENNES-
NINA DESBAYLES
OUAAHH !!
Nine a des amis. Parmi ses amis, Emilie et Pierre sont des amoureux des animaux, comme Nine.
Leur amour des AAC (anciens animaux de compagnie) a conduit le petit ménage à aller habiter en dehors d’un village une grande maison, avec un grand jardin, en fait une ancienne fermette. Y vivent en bonne intelligence ânes, chèvres, brebis rescapées de méchouis, chats (sauvages dans un enclos aménagé) ou familiers (dans un jardin sécurisé) et huit chiens presque le maximum autorisé pour ne pas être classé « refuge » ou « éleveurs ».
Mais voilà , les néo-ruraux adeptes du retour à la campagne ont envahi le petit village paisible d’Emilie et Pierre. Ils aiment la nature si les brebis ne se soulagent pas dans les rues, les coqs ne chantent pas, les poules ne caquètent pas, les vaches ne meuglent pas, les tracteurs ne sortent pas à l’aube, le clocher reste silencieux.
Alors même si l’arche de Noé de nos amis est assez silencieuse, si l’âne ne braie guère, forcément leurs chiens aboient quand passe un inconnu.
- C’est un scandale !
- On n’est pas tranquilles !
- Je vais leur foutre un coup de fusil !
- On va porter plainte !
- Débarrassez-vous en…
Il va sans dire que le lotissement où habitent ces charmants voisins s’est bâti bien après qu’Emilie et Pierre se soient installés avec leurs amis.
Il va également sans dire que ce sont des gens raisonnables et bien éduqués qui s’efforcent de ne pas gêner, aussi leurs animaux sont-ils rentrés le soir, chiens compris.
C’est donc dans la journée que les chiens agacent de leurs aboiements sporadiques les oreilles du voisinage. Le ton monte.
Une main courante est déposée à la gendarmerie.
Nos amis craignant pour leurs animaux décident de les tenir enfermés dans la maison en leur absence, ainsi leurs aboiements seront assourdis et ils seront moins incités à donner de la voix, vu que les mouvements du voisinage leur échapperont.
Ainsi fut fait. Le voisinage victorieux exulta. Certains tentèrent encore de dire que même assourdis les aboiements s’entendaient…
Mais leur grande joie fut de courte durée.
La semaine suivante une bande de cambrioleurs écuma le quartier. Toutes les maisons furent visitées et tous les habitants subirent des préjudices… toutes ? Non ! Une seule fut épargnée !
Devinez laquelle !
Allez… c’est facile…
Nos amis Pierre et Emilie en rient encore en racontant cette histoire. Il paraît que les gendarmes avaient aussi un sourire en coin en prenant toutes les plaintes.
Depuis les voisins rasent les murs. On est venu leur demander de bien vouloir, si ça ne dérangeait pas, laisser leurs chiens dehors et si même ça ne serait pas une bonne idée d’en adopter dans chaque maison, s’ils pouvaient conseiller eux qui ont l’habitude de la protection animale.
Ils l’ont fait bien volontiers en réprimant un sourire entendu. C’est ainsi que nombre de pauvres chiens ont trouvé un foyer, donnant la victoire à Sam le Terre-Neuve, Ajax le Malinois, Peggy le caniche, Orion le Bobtail, Sacha le Jack Russel, Prisca l’épagneul, Wendy la beauceronne et Lola la bâtarde de race indéterminée.
